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               L’EGYPTE

 

 

               De port Ghalib  à  Hurghada.

 

 

 

 

               Le 11 mars 2008 nous sommes en Egypte à port Ghalib où nous pourrons accomplir nos formalités d’entrée dans le pays. Construite à l’imitation de port Grimaud, la marina doit son emplacement à l’existence d’une lagune. Nous pensons y séjourner une petite semaine. Repos, petites marches dans le désert et entretien du bateau occuperons nos journées. Pendant les 2 premières cependant nous cultiverons avec conscience une certaine fainéantise.

 

 

Le deuxième souci en arrivant à une escale est celui de l’approvisionnement en vivres frais. La seule petite épicerie de l’endroit est presque visible du quai contre lequel nous pousse un vent un peu trop fort. Qu’il passe un pneumatique à grande vitesse et nos défenses sautent, nous raclons le quai à grand bruit ; ce qui déclenche quelques apostrophes coléreuses contre ces chauffards de marina et fait bondir Jean-Claude sur le quai pour régler plus bas nos pare-battages.

 

 

Donc nous voyons l’épicerie, mais entre elle et nous, notre regard surpris découvre une vaste zone bouleversée, un espace ravagé où des monticules de terre, des pelles mécaniques, des tracteurs et quelques ouvriers de chantier nous laissent deviner ce que sera la future marina. De nombreux petits ponts relient les quelques bassins déjà creusés, bordés de quai et en eau. La partie achevée du port de plaisance est agréable, d’un luxe plein de sobriété, fleurie, aux nombreux palmiers fraîchement plantés. Les hôtels aux couleurs chaudes créent une atmosphère confortable. Le regard poussant un peu sa curiosité trouve enfin la chaîne montagneuse qui avec la mer délimite la plaine côtière. En cherchant bien le bon angle, on arrive même à prendre des cliches pouvant faire croire à une marina achevée ! De fait nous découvrons nombre de buisson et couvre-sol fleuris humanisant notre environnement. De nombreux bougainvilliers multicolores égayent les premiers hôtels dont les touristes ne sont là que pour les sites de plongées mondialement connus. Les nombreux bateaux à moteurs, à quai la nuit, en témoignent.

              Il est doux de traiter le calendrier par le mépris mais il ne nous laisse pas le faire longtemps. Le prochain saut de puce, 24 heures, s’impose. Nous le ferons au moteur à 1500 T/M au lieu 1200 pour lutter contre le courant de face qui ne nous lâche que quelques heures avant d’arriver. Nous avons alors 20 Nds de vent contraire. A 8 heures le 18 mars nous sommes de nouveau amarres entre bouées et quai à Hurghada marina pour 3 semaines.

 

 

          

              Entre ville et mer, l’emplacement de la marina est commode. Mais sitôt la barrière franchie, ce ne sont qu’immondices, détritus et déchets de vie misérable. Quelques chèvres squelettiques s’y nourrissent de cartons et dorment à l’abri de murets pour la plupart à moitié écroulé.

 

 

 Les chantiers de construction, nombreux, encombrent la chaussée de leurs tas de matériaux. La ville est grouillante d’une population bigarrée et cosmopolite, assourdissante par sa circulation routière. Seuls les minarets forcent à la contemplation pour leur fine architecture et pour le beige rosé et le blanc d’une douceur infinie qui les colorent. Ils se détachent sur un ciel bleu, le regard du promeneur s’attarde et s’élève.

 

 

            Trois semaines sont passées, nous rejoignons la marine de El gouna où doivent nous retrouver sœur et beau-frère. C’est avec eux que nous visiterons l’Egypte des pharaons.

Nous longeons longtemps une côte plate de dunes de sable ; elle est festonnée d’immeubles. Certains sont finis, peints de couleurs gaies : ocre foncée, jaune, orange et gris clair. Beaucoup sont encore à l’état de carcasses de moellons et piliers.Un peu de verdure humanise péniblement le béton. Au bout de 22 Nm et 4 H de navigation et après avoir beaucoup cherché les bouées du chenal d’entrée, nous entrons à Abu tig marina de El Gouna. Il est alors midi et demi, 2 marins nous conduisent au fond de la darse, au milieu de bâtiments, totalement à l’abri du vent.

L’existence d’une lagune ici aussi, comme à Port Ghalib est à l’origine de la marina. Un milliardaire égyptien a choisi le site pour y réaliser son rêve, mais les autorités avaient d’autres projets. Il lui fut imposé la construction de 60 chambres pour 30 villas. Qu’a cela ne tienne il fit un hôtel ! Plusieurs riches cairotes se laissèrent gagner par l’esprit d’entreprise et la perspective de remplir un peu plus leur bas de laine. Au final nous sommes dans une station balnéaire totalement artificielle mais dont l’appellation de petite Venise de la Mer Rouge à de quoi tenter pour quelques jours les touristes internationaux, terriens ou navigateurs. Oui ici tout est propre, beau et calme. Plusieurs petits centre de commerce égaillent places et ruelles se disputant une clientèle oisive et aisée sinon riches. Les petits bus, nombreux et les triporteurs ouverts à tous vents proposent leurs services à grands coups de klaxon. De fait les piétons trouvent peu de circuits pédestres. L’absence d’arbres bordant  les routes rebute le promeneur, le soleil est ardent et la température vite pénible.

 

 

                   L'Egypte ancienne

 

 

               Nous ne repartirons certainement pas d’Egypte sans avoir vu de nos propres yeux les sites incontournables, témoins d’une lointaine époque et d’une civilisation fascinante surgie du fond des âges de l’histoire de l’humanité. Cette histoire étroitement liée à ce fleuve mythique qu’est le Nil alimentera longuement l’imaginaire de ses visiteurs. L’esprit en éveil, nous en sommes curieux. Effrayée aussi par quelques détails relates par certains de nos amis partis à la découverte quelques jours avant nous :  Il y aurait par jour 3 fournées de 12000 touristes à arpenter ces lieux prestigieux- 410 autocars en trois vagues. Ces monstrueuses colonnes de véhicules ont de quoi affoler les navigateurs que nous sommes.

 

 

                     Dès l’arrivée de sœur et beau-frère le 12 avril, nous allons à la rencontre de l’Egypte ancienne, de ses figures illustres, de Néfertiti à Toutankhamon, d’Alexandre le Grand à Cléopâtre, de Champollion à Ferdinand de Lesseps. Nous allons à la rencontre d’une civilisation et de son fleuve emblématique : le Nil  mais aussi de son peuple actuel.

Nous ne verrons pas tout, bien sur, notre choix laissera de côté de magnifiques sites mais parmi les plus connu nous choisissons le temple de Karnak, celui de Louxor, la vallée des rois, le temple de la reine Hatshepsout et une traversée du Nil en felouque si le doux zéphyr indispensable à sa navigation nous procure les joies d’une traversée romantique.

 

 

 

 

                     On ne peut se rendre dans la haute Egypte qu’en convoi. Le regroupement se fait à Safaga, ensuite l’interminable file de bus, voitures particulières et mini bus s’étire sur une route traversant le désert. De nombreux militaires nous escortent, d’autres gardent carrefours et traversées de villages que nous paralysons le temps de notre passage.

                       En 1h seulement il nous faut découvrir, et contempler Karnak, témoin grandiose et vieux de plus de 4000ans. Chaque pharaon a contribué à son embellissement. C’est la plus grande structure religieuse jamais bâtie au monde. Finie, elle aurait été une œuvre morte. Chantier permanent, Karnak était un lieu de vie, c’était la maison terrestre du dieu AMON RÂ, servi par le pharaon lui-même aidé par 8000 prêtres. Chaque pylône rythme et sépare les différentes salles. Les 134 colonnes massives de la salle hypostyle forment un ensemble extraordinaire, symbolisant une forêt de papyrus inondés chaque année par les crues du Nil. La grandeur et la perfection dans les proportions laissent sans voix.

 

 

 

                       La vallée des rois sera notre deuxième visite avec 3 tombes autorisées. Extérieurement ce ne sont que des orifices béants, des entrées dans les falaises de la vallée, reliés entre eux par des chemins crayeux balayés par des rafales de vents de sable pénétrant et chaud. Dès l’entrée commence une galerie plus ou moins longue et pentue, aboutissant dans une ou plusieurs salles pour se terminer dans une chambre funéraire où se trouvait le sarcophage royal. Murs et plafonds sont couverts de hiéroglyphes relatant la vie du défunt, et tout ce qu’il emmène dans l’au-delà ainsi que les croyances relatives à ce difficile passage (la pesée de l’âme)

                       Le temple d’hatsehepsout fera l’objet d’une visite particulière. Edifié contre une impressionnante falaise de calcaire, il offre à une vue panoramique de Thèbes qui laisse chacun ébloui. Hatshepsout l’avait voulue grandiose, son architecte, Semmout, l’a exaucée avec conscience.

                       Autre journée, autre guide. Réveilles à 4 heures par la 1ére des 5 prières rythmant les journées des bons musulmans nous n’avons aucune difficultés à être prêts, petit déjeuné pris pour la découverte du temple de louxor. C’est aujourd’hui le site le plus visité mais aussi hélas le plus saturé. Comme ailleurs, l’admiration contemplative de chacun est troublée par l’incessant harcèlement des vendeurs de souvenirs. C’est une vraie agression que l’on subit sans relâche et partout. Il faut même faire un certain effort pour prendre conscience de l’atmosphère incroyable des lieux. Ils se reflètent une grande cohérence architecturale contractant avec Karnak auquel il était relié par 2,5 Km de sphinx, une allée canalisant les processions du nouvel an. Une fois par an le dieu Amon quittait son temple de Karnak pour retrouver à Louxor son épouse Mout.

 

 

 

                       Notre traversée du Nil en felouque fut à coup sûr bénie des dieux ! petit vent léger, grand soleil et paysages nous faisant découvrir l’Egypte rurale appuyée aux contreforts de la montagne thébaine.

 

                        Le canal de Suez

 

 

                         Le 19 avril nous reprenons la remontée de la Mer Rouge après un mois d’arrêt qui déshabitue le corps et le cerveau des désagréments d’une météo contraire. Il s’en suit un état comateux pénible. Les 28 Nds que l’anémomètre affiche à 18 heures nous convainquent d’attendre deux jours  à l’abri, au mouillage dans une marsa désolée de la côte Est, avant de rejoindre Suez et l’entrée du canal. Une chaleur étouffante nous accueille, nous obtenons l’autorisation de traverser seuls la vaste zone d’attente des grosses unîtes et de prendre les 2 bouées d’amarrage, ce qui nous fera gagner du temps pour le repos. Comme pour Panama nous sommes contraints de prendre un pilote pour chacun des 2 tronçons du canal, Suez/Ismaïlia et Ismaïlia/Port-saïd. Nous traversons des paysages d’une grande monotonie, du sable, quelques rares palmiers et une jolie petite mosquée blanche et bleue. Deux bacs permettent aux riverains de traverser. Je ne parle pas des innombrables gros navires de commerce qui suivent la route logique entre méditerranée et océan indien.

 

 

                        Nous resterons à Ismaïlia 5 jours. Nous voulons aller voir le Caire et ses pyramides. Nous avons retenu une voiture avec chauffeur, sympathique mais ignorant totalement le trajet ! Il nous inquiètera à plusieurs reprises, vraiment. Le Caire et la ville la plus grande et la plus populeuse du monde musulman ; nous roulons beaucoup dans les faubourgs industriels et habités avant d’atteindre  le site des pyramides. Construites il y a 4500 ans, elles symbolisent toute la démesure et le génie de la civilisation égyptienne  pré- arabique. Elles restent la dernière des 7 merveilles du monde antique encore visible de nos jours. Avant de retourner nous visitons le célèbre musée du Caire, l’incontournable; il recèle de véritables trésors. Vraiment dommage qu’il soit si sombre et si poussiéreux.

 

 

                     

                        Mardi 29 avril : jour de notre départ vers Port-saïd. Nous quittons Ismaïlia à 6 heurs et les 6,8 Nds du moteur nous font espérer une arrivée rapide en méditerranée. Notre deuxième pilote ne semble pouvoir assurer son service qu’avec l’aide de la VHF réglée au plus fort !  Cette 2 eme partie du canal ne m’enthousiasme pas plus que la 1ère ! Sur ce bief, la berge du Sinaï est empierrée ;  bordant les mêmes dunes de sable celle de l’Egypte est triplée par une route, une importante ligne électrique et quelques palmiers, filaos et eucalyptus. Notre pilote nous quitte avec bien évidemment les éternels et inévitables bakchichs.

 

 

                    A Port-saïd se termine notre passage en Egypte. Nos souvenirs sont divers et variés- enthousiastes lorsqu’il s’agit des vestiges de son histoire, déçus profondément en ce qui concerne ce qu’est devenu ce pays qui laisse une impression de nonchalante paresse. Pourtant  en plein essor, c’est visible, on n’arrive pas à croire à sa volonté de modernisme.

 

                     

                    

 

 

 

 

Egypte
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