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TRAVERSEE  YEMEN (Aden)  --  SOUDAN  (Suakin)

 

 

 

 

                                         Les premiers milles au départ de Aden sont délicats. Ils nous conduisent vers la Mer rouge par le détroit de Bab el Mandeb dont nous empruntons le petit chenal entre l’île Perim et la péninsule arabique. Le vent est fort et soutenu, la mer formée ; le courant favorable et constant nous fait cadeau de 1,5 mille à l’heure, un vrai tapis de fakir ! Cependant les vagues sont creuses, violentes. Elles nous secouent de tous côté. Diminuer la voilure est physiquement dur d’autant plus que nous tardons souvent à le faire. être brassés constamment est le prix à payer et peut-être pouvons nous espérer la récompense d’une escale de repos.

 

 

                                          Premier arrêt de notre remontée à l’île Jabal Zuqar le l’archipel des Hanish qui en compte 23. Ce sont 23 petits déserts volcaniques de roches et sable noyés dans la mer. Notre arrivée est angoissante au possible car à la nuit noire, le vent souffle en rafales, les rochers affleurent, les 5 ou 6 lumières des barques de pêche brouillent les perspectives, tout y est pour nous faire monter le taux d’adrénaline. Le lendemain matin malgré le ciel bleu et la mer verte, je ne vois que du noir ! Celui du volcan contre lequel nous sommes mouillés, celui des tentacules de lave qui prolongent le rivage. De toutes petites taches de sable blond, les barques de pêcheurs, et notre ami navigateur « virus en mer », c’est tout pour adoucir la rigueur de cet environnement. Il me revient des images identiques des paysages volcaniques de Lanzarote dans les Canaries. Là-bas aussi partout la lave noire et agressive semblait s’être appropriée tout l’espace  sans aucune difficulté. Arrivée en répandant la terreur, il n’est pas un pouce de vie qui n’est cherché à s’enfuir. Les « incapables de fuite » l’ont payé de leur vie.

Maintenant elle est seule la lave, triste, sombre et en grande dévoreuse, en orgueilleuse égoïste, elle est contrainte et c’est justice, de ce suffire à elle-même.

 

 

 

                                           Le moins qu’on puisse dire jusqu’à présent, c’est que la remonté de la mer rouge ne m’enthousiasme pas ! Aujourd’hui 3 mars nous en aurons fini avec le premier tiers, le plus facile je crois, celui qui est jalonné d’archipels comme les petits cailloux blancs du « petit poucet »

 

 

                                           Pourtant, peut-être pour prendre des forces en vue des futures difficultés nous nous serons aussi arrêtés aux îles Zubayrs, à Khor Nawarat, notre première escale africaine au soudan, à Triquitat et à Suakin. Nous avons ainsi,  à l’ancre, goûté un repos salutaire en évitant les navigations nocturnes. A aucune de nos haltes nous ne sommes pas descendus à terre à l'exeption de Suakin. Toutes nos ont offert des paysages de solitude absolue. Soit qu’il se soit agi des cônes noirs et volcaniques des îles, soit que les rivages dorés des dunes aient fait naître en nous une certaine nostalgie de désert vaste et envoûtants.

                                             Aujourd’hui 6 mars et pendant une petite demi-heure, peu après avoir quitté Trinquitat en direction de Suakin, port d’entrée au Soudan, nous suivons le Shubuk channel. C’est un passage balisé par des bouées rouges et vertes car les récifs sont nombreux et le plus souvent seulement visibles par les vaguelettes ourlées d’écume blanche. Nous zigzaguons entre elles, elles sont au nombre de 11, nous faisons du Sud-est/nord-ouest.

Le soleil à tribord est encore bas ce qui nous permet de les voir relativement bien. Les différentes couleurs de la mer sont superbes et pourraient être angoissantes sans les balises qui ; en nous confirmant ce que nos yeux écarquillés observent, nous rassurent.

 

 

                                             Suakin est la première localité digne de ce nom depuis Aden. Son chenal d’entrée est long et nous fait contourner la vieille ville avant d’atteindre le mouillage. On pourrait à juste titre penser que de nombreuses bombes meurtrières et destructrices l’ont transformée en ruines. Nous apprendrons plus tard qu'il n’en est rien. Seul le temps qui passe, l’érosion qui use, la paresse crasse de ses habitants sont responsables du spectacle de désolation que nos yeux consternés voient défiler.

 

 Un certain Mohamed, sorte d’agent local, se charge de nos formalités d’entrée au Soudan. Il nous procure aussi quelques livres soudanaises pour nos achats de fruits, légumes et pain. Pas de viande en dehors de celle de chèvre, pas de poissons au marché. Heureusement notre réserve de boites de sardines et thon est encore bonne.

 

 

 

 

                                             Une météo exceptionnellement favorable (vents faibles de secteur sud rarissime en cet endroit) nous convainc de partir. Nous quittons Suakin le samedi 8 mars en direction de port Ghalib, distant de 443 milles que nous faisons en 76 heures. Nous croisons de nombreux cargos pendant les deux nuits et mardi 11 mars au matin nous sommes au fond d’une marina en construction, en Egypte.

 

                                          

 

Soudan
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