Traversée de l'océan Pacifique,
Océan Pacifique : nom :Pacifique Prénom : océan Age : des milliards d'années Profession : Permettre à une catégorie d'hommes appelés circumnavigateurs d'aller d'est en Ouest reliant ainsi les Amériques et l'Asie. Pacifique est aussi un adjectif ; mon dictionnaire dit : qui amène la paix ou la favorise. Partis depuis un peu plus de 24h, cet océan, mythique pour moi, est fidèle à sa légende en ce sens qu'il nous berce doucement, aidé par son fidèle équipier Eole. Il nous apprend la patience et l'espoir si nous en étions dépourvus ou trop peu dotés. En 3000 miles ils ont plus que le temps de se fâcher nous éprouvant et nous obligeant à l'humilité. Dés le 4ème jour le vent monte les grains se succèdent. D'abord ils noircissent l'horizon, puis le vent force la mer grossit et blanchit. Là il faut avoir pris des décisions efficaces, réduire la voilure et vérifier qu'à l'intérieur aucun objet lourd ou tranchant ne peut passer de bâbord à tribord sans notre permission ! Tout l'équipage doit être chaussé sauf les capitaines qui ont une dérogation spéciale comme les femmes enceintes pour le port de la ceinture de sécurité automobile !! Entre nous je ne plaindrai pas celui qui se blessera aux pieds !

Donc le vent a forci, les bateaux en général deviennent instables et CERS en particulier. Lui plus que les autres se dandine, offre une de ses hanches à la vague agressive et cherchant à finasser, il l'évite souvent pour mieux dresser son étrave fière et rusée au cap, seule véritable direction à maintenir coûte que coûte. Un grain peut durer 10mn ou 1h. Suit une période désagréable, où, le vent ayant baissé, la mer, elle, est encore forte et ne se calmera qu'avec retard. Dès la 3ème nuit, Jean-claude décide que nous sommes seuls sur la mer et que le radar pourrait se vexer d'être inutilisé et ne plus vouloir faire ce pourquoi il existe. Alors, on lui donne des directives adaptées à ses capacités ; pour nous un cercle de 8 miles en deçà desquels il DOIT nous alerter, nous qui, allongés sur nos couchettes de quart, assurons une demi- veille, relayés par cet oeil puissant et infatigable qu'est l'antenne du radar. Même dotés de patience lorsque notre vitesse descend en dessous de 3 noeuds et demi, nous tournons la clé de notre moteur NANNI-diesel 50 chevaux, aidés ou non par les voiles. Nous le supportons mieux que son prédécesseur (notre vieux Perkins 4108) Il sait même se faire oublier lorsque notre esprit est pris par autre chose. C'est, sur un voilier, l'organe de sécurité par excellence ; malheureusement dépendant de notre autonomie en gasoil. Ceci implique une gestion très serrée des options prises lors des petits temps. Depuis notre 1ére traversée en 1995, nous avons pris l'habitude de fêter nos mi-traversées océaniques ou le passage de l'équateur. Malheureusement, notre frigo, en panne ce jour-là nous a empêché d'ouvrir le champagne mis en réserve, mais a suscité la création d'un ti'punch québécois !! (Jean-claude a remplacé le sirop de canne par du sirop d'érable !!)Donc, la fameuse bouteille a réjouit l'équipage de CERS le mercredi 15 mars, tous les cadrans confondus annonçant 1474 miles.
L'immensité était derrière, l'immensité était devant, et entre les deux une patience infinie. !!!
Bien sûr il fallait bien que cet océan, pacifique de réputation, nous fasse comprendre qu'il pouvait être désagréable avant d'être méchant. Presque jusqu'à l'arrivée et depuis 2 semaines maintenant la mer nous brasse d'une façon désordonnée, nous ballotte sans pouvoir anticiper sur ses prochaines secousses. Sur le qui-vive jour et nuit ce qui nous surprend, c'est le désaccord entre la mer et le vent. La mer du vent se superpose à la forte houle qui nous vient d'une autre direction. Les équipages amis eux aussi aspirent à l'arrivée.

Je pensais ne plus avoir que quelques mots sur notre arrivée à écrire, mais il me faut vraiment dire ce que je pense sur la radio à bord : VHF et HF. La portée VHF est courte c'est certain, mais quelle richesse de contact, quelle spontanéité joyeuse. Grâce à elle nous pouvons faire des commentaires sur le vif des évènements avec nos compagnons de traversée ! Comme lors de la prise d'un poisson par exemple ou le bris d'un élément crucial ou pas du bateau. C'est alors qu'avec des conseils presque toujours éclairés des réparations rapides peuvent être tentées. La HF, elle, demande une organisation, des rendez-vous, une bonne pratique des postes émetteurs-récepteurs une bonne compréhension des phénomènes de propagation. Enfin, et je serai enthousiaste, la possession d'un PACTOR permet et renforce des échanges riches de sentiment n'importe où et n'importe quand. .Sans oublier la résolution des difficultés dues à l'isolement. Dans notre cas, cet achat, (avec celui d'un dessalinisateur) transforme notre quotidien. Nos multiples contacts avec ceux que nous avons quittés voient les distances réduites à presque rien comme avec les autres navigateurs. Même à un prix supérieur, je les bénirais encore. Jeudi 23 mars, nos compagnons de 'Aventure 5' sont arrivés à hiva-oa après 19 jours de voyage. Suivent 'safina' 'cers' et est-ouest' tous trois assez espaces sur l'océan. Comme toutes les fins de traversée les dernières journées paraissent s'éterniser ? Il faut dire qu'il est assez déconcertant de subir cette sorte météo, généralement caractérisant la ZIC, à 9° de latitude sud: Les grains se succèdent, la plupart venteux tous pluvieux. Dans les intervalles, les vents sont faibles et totalement arrière. Nous sommes sous génois seul ou génois et trinquette en ciseau. Arriverons-nous dimanche soir aux lampions ou lundi et au soleil ? Dimanche 26 finalement, il nous aura fallu nous appuyer avec le moteur les dernières 36 heures. Le vent est faible est le courage nous a manqué pour passer une 23 ème nuit en mer. Arriver sur une île après 3000 M d'océan a quelque chose de magique. A midi nous découvrons les silhouette de Fatu hiva et de Hiva-oa, îles des Marquises tant attendues. Ça y est, il s'est laissé traversé, le bougre, merci à lui et aux éléments.
Monique.

Le grain de sel du capitaine
Notre bateau : Comme vous le savez, c'est un "espace 1000" de Jeanneau, il a 24 ans, ses 10,15 m ont étés prolonges d'une courte jupe, mais dans la plupart des mouillages il est le plus petit ! En revanche,pour sa taille, il est devenu lourd, pesé en Grèce avant le départ la balance affichait déjà 8 tonnes, il a depuis dù grossir de 6 à 700 Kgs, et bien cela ne l'handicape pas, au contraire ! depuis le Vénézuela nous navigons avec nos amis de 'Est-Oest' (quebequois) leur Beneteau de 13 m distance très rarement 'Cers'. Après cette course de prés de 3000 M effectuée avec 3 autres bateaux, plus grands, l'ordre d'arrivée était : 'l'aventure5 'jeanneau neuf de15 m (19 j) 'safina' jeanneau neuf aussi de 12m (22 j et 5h ) 'cers' (22 j et 10 h )et 'est-ouest' benneteau de l'âge du notre ,de 13 m (23 j et 10 h )..peut être est il un peu plus fatiguant pour son équipage en raison des mouvements plus vifs du à sa taille et aussi parce que sa capacité de transport est moindre. Il y a bien longtemps que nous naviguons ensemble mais nous n'aspirons pas à en changer, d'autant moins que la mode des bateaux, inspirée par la course, ne nous convient pas( descente profonde fatigante et même dangereuse en grande croisière en équipage réduit).

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